Une rencontre
avec
Julie Dufresne

Lundi 9 février 2025
Source : CMAJ
avec
Julie Dufresne
CHEFFE INVITÉE DU CHŒUR DU MUSÉE D’ART DE JOLIETTE (CMAJ)
À l’occasion du congé sabbatique de notre directrice artistique et cheffe, Roseline Blain,
le CMAJ a retenu les services de la cheffe de chœur, Julie Dufresne, pour la session Hiver-Printemps 2025.
CMAJ – Julie Dufresne, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions qui permettront à nos lecteurs de vous connaître et d’en apprendre davantage sur vous, votre parcours, votre travail de cheffe de chœur et vos objectifs pour le CMAJ. Tout d’abord, comment en êtes-vous venue à la musique et au chant choral?
JD – Je viens d’une famille de mélomanes. Dès l’âge de 7 ans, ma grand-mère m’amenait à l’opéra et nous allions avec mes parents à des concerts de l’OSM dans les parcs. On fréquentait aussi les musées. L’art était super important. À 8 ans, j’ai commencé à chanter dans des chorales et je n’ai jamais arrêté ! Il ne m’était jamais venu à l’esprit de faire du chant choral mon travail. Puis un jour, un professeur m’a dit que j’avais du talent et que je devrais aller passer une audition au Conservatoire. C’est ce qui m’a donné l’élan. Mes parents qui occupaient des professions à caractère scientifique, étaient plutôt surpris de mon choix mais ils m’ont vraiment supportée. Et, il y également eu l’influence de Robert Ingari qui m’a prise sous son aile à la maîtrise en direction chorale (Université de Sherbrooke). Depuis, je fais du chant choral et de la musique tous les jours de ma vie et je me dis que je suis chanceuse de faire ça comme travail.
CMAJ – Comment avez-vous connu le Chœur du Musée d’art de Joliette ?
JD – Le premier lien que j’ai eu avec le chœur c’est lorsque j’étais à la maîtrise avec Robert Ingari* qui était également votre chef de chœur. Il me parlait de vous, de ses projets avec l’ensemble, de la création de ses Chants d’amour. Puis, un été j’ai rencontré plusieurs d’entre vous lorsque j’ai dirigé des sectionnelles en vue de la présentation du concert Carmina Burana au Festival de Lanaudière. Je me souviens encore de Michel Dionne, le président de votre chœur, qui était venu m’accueillir lors de ces répétitions. Ensuite, il y a eu tous les chefs qui vous ont dirigés après Robert Ingari. Je les connaissais aussi et donc je vous suivais, pour ainsi, dire de loin. Enfin, il y a votre directrice artistique et cheffe, Roseline Blain, que je connais bien et qui, depuis trois ans, me demande à l’occasion de venir la remplacer. Tout ça fait que vous existez dans mon univers mental depuis longtemps.
CMAJ – Qu’est-ce qui vous a incitée à venir prendre la relève de Roseline Blain pendant sa sabbatique?
JD – Lorsque Roseline m’a demandé de venir la remplacer, j’ai dit oui. La réponse allait de soi. Ça coulait de source. J’allais avoir du plaisir à travailler avec vous.
Et puis, il y avait déjà un lien entre nous ce qui facilite les choses. J’avais appris à vous connaître au cours des remplacements et je vous avais aussi dirigés lors de la messe concertante de Hummel en 2023. Une expérience qui avait été vraiment agréable, et, « intense » à cause de la chaleur exceptionnelle de cette journée de juillet! Je vous avais aussi dirigé en 2024, lors de la messe concertante de Gounod, également dans le cadre du Festival de Lanaudière. Bref, je sentais que ça cliquait déjà. C’est important. Vous êtes un chœur enthousiaste et plein de projets. Ce ne sont pas tous les chœurs qui ont cette effervescence. Et puis, vous avez une belle place dans votre communauté, ce qui me touche. Votre amour du chant choral est indéniable. C’est quelque chose qui m’attire aussi comme le fait de savoir que lorsque j’arrive à la répétition des sourires et de la passion pour le chant choral m’attendent. C’est positif. C’est invitant. C’est motivant.
CMAJ – Selon vous, qu’est-ce qui caractérise le Chœur du Musée d’art de Joliette?
JD – Vous apprenez extrêmement vite. Vous êtes vraiment bien préparés. Ça paraît que les gens travaillent leur partition chaque semaine. C’est impressionnant parce que j’ai rarement vu un tel niveau de préparation. Je trouve aussi que vous vous rendez à un point de qualité sonore qui est élevé sur les plans de la justesse, de l’homogénéité, de la musicalité. Votre grande préparation avant les répétitions nous permet d’aller plus loin que faire seulement du note à note. Pour moi, comme cheffe, c’est merveilleux. C’est rarissime. Ça fait en sorte aussi que vous pouvez avoir du répertoire qui n’est pas nécessairement accessible pour plusieurs chœurs amateurs. Entre autres, des œuvres de compositeurs contemporains qui sont parfois plus difficiles parce qu’il y a plus de voix, plus de frottements et des sonorités qui sont moins classiques comme celles de Mozart, plus faciles à l’oreille. J’ai vu ce que vous avez fait lors de votre concert du 25ème anniversaire avec des œuvres d’auteurs contemporains quand même assez difficiles (Gjeilo, Ingari, Arnesen, Uusberg). Pour ce qui est des œuvres qui sont plus accessibles, ça permet d’aller musicalement et vocalement plus loin. Puisque c’est plus facile du côté théorique, c’est le temps de penser à la couleur de la voix, de faire la plus belle ligne possible, d’aller chercher toute l’émotivité qu’il y a derrière. C’est agréable d’avoir tout ce florilège de possibilités et c’est grandement dû à votre travail. C’est clair.
CMAJ – Comment voyez-vous votre travail de cheffe de chœur?
JD – Il y a toutes sortes de chef.fe.s, de musicien.ne.s. Moi, j’aime beaucoup enseigner. J’aime le lien qui est créé entre nous. J’aimerais que les choristes gardent en tête que le chemin pour se rendre jusqu’au concert est presque plus important que le concert lui-même. Chaque répétition, chaque mercredi soir, est un moment où on a du plaisir, où on travaille fort, où on met de l’émotion. Cette énergie-là est mise en commun pour faire du beau et, pour ensuite, la transmettre au public. Ultimement, c’est ce à quoi sert la musique : avoir du plaisir, faire du bien, faire découvrir des choses. Le concert Nos coups de cœur du 23 mars 2025, c’est de la découverte! Pour les spectateurs, un concert avec une si grande variété de pièces, c’est très intéressant. Certaines œuvres seront connues, d’autres pas. Le son va changer complètement d’une pièce à l’autre. Il y aura des chants en allemand, en russe, en italien… Bref, tout ça va toucher les spectateurs d’une façon différente.
C’est à nous de leur transmettre le bonheur que la musique procure. C’est ça le plus important.
CMAJ – Quels sont vos objectifs pour le CMAJ en cette session Hiver/Printemps 2025?
JD – C’est assez rare de faire un répertoire qui a déjà été chanté par la majorité des choristes donc il faut en profiter. Ce que cela me permet de faire, c’est d’avoir un son qui est rattaché à celui de l’époque ou avec le style de la pièce. On ne chante pas de la même façon une pièce de la Renaissance qu’une œuvre de l’époque romantique. Donc, il y a une différence dans la couleur du son, dans le texte, dans l’approche, dans la retenue ou dans l’expansion. C’est important de le comprendre et j’ai le temps de travailler ces aspects avec vous puisque vous connaissez les pièces et que vous savez déjà les notes. Je peux me concentrer sur la couleur et m’assurer qu’elle soit bonne; réussir à avoir une constance du début à la fin; faire attention à ce que les mots soient très précis ainsi que le son toujours beau.
Bref, aller jusqu’au bout des possibilités, des capacités vocales du chœur. C’est ce que je veux faire avec vous pour le concert Nos coups de cœur.
*Le compositeur, Robert Ingari, est directeur de la maîtrise en direction chorale de l’Université de Sherbrooke. Il a été le directeur artistique et chef du CMAJ de septembre 2000 à mai 2008. Lors de son dernier concert avec lui, le CMAJ a interprété une première œuvre écrite pour le Chœur du Musée d’art de Joliette, « Chants d’amours ». En novembre 2024, pour souligner son 25e anniversaire du CMAJ, Robert Ingari lui a écrit une autre œuvre : « Guérison : Une cantate pour l’humanité ».